Les référentiels qualité du monde académique

Quelle démarche qualité à l’université ?

Suivant l’acteur interrogé, la démarche qualité peut donner lieu à différentes compréhensions ou différents champs d’intervention. En enseignement supérieur, il pourra être question :

  • d’évaluation des enseignements par les étudiants
  • d’évaluation du suivi d’insertion professionnelle des diplômés, notamment pour les formations professionnelles
  • d’audits comptables
  • de certifications selon des normes (certification ISO9001 pour certaines structures administratives)
  • de laboratoires certifiés
  • d’accréditations pour les écoles de commerce et management (AACSB, AMBA, EQUIS) ou les écoles d’ingénieurs
  • d’évaluation externe par des agences d’évaluation suivant des normes et références communes ou non à un espace géorgraphique (ESG pour l’espace européen d’enseignement supérieur ; référentiel de l’Assurance-Qualité dans l’enseignement supérieur du CAMES pour l’espace CAMES)
  • etc.

Quels référentiels et normes pour le monde académique ?

Lors de mes interventions dans des institutions d’enseignement supérieur, j’ai été confronté à 2 grands types de cas :

  1. un accompagnement précis sur l’évaluation ou les dispositifs d’autoévaluation d’un périmètre précis (les formations professionnels, un service de formation continue, un service de scolarité)
  2. un accompagnement sur la démarche qualité « en général »

Dans les deux cas, afin de bien faire comprendre qu’une démarche qualité doit s’envisager de manière systémique, j’ai eu l’occasion de préparer un petit schéma tentant d’expliquer les différents périmètres pouvant être couverts par une démarche qualité et les principaux référentiels liés à ces périmètres.

Je partage ce schéma ici

Si l’accompagnement doit amener les équipes à choisir les périmètres ou les référentiels, j’organise un travail d’atelier sur un document présentant de manière succincte ces référentiels.

La version du document accessible ci-dessous est celui que j’avais préparé pour une mission en Algérie, elle présente également le Référentiel National de l’Assurance Qualité – RNAQES propre à l’Algérie

Les référentiels et normes sont présentés par grand domaine : établissement d’enseignement supérieur et de recherche ; offre de formation d’enseignement supérieur ; recherche – évaluation des programmes de recherche ; organisation ; organismes de formation continue non diplômante ; responsabilité sociétale ; environnement ; denrées alimentaires ; biologie médicale ; organismes de contrôle et d’inspection ; système d’information.

La compétence comme langage commun entre les 3 grands acteurs de la formation en enseignement supérieur

La formation en enseignement supérieur, pourquoi faire ?

Il est amusant de poser cette question volontairement provocatrice aux acteurs d’une institution d’enseignement supérieur. Les réactions sont généralement différentes suivant les publics.

J’aime bien démarrer certains de mes enseignements en interrogeant les étudiants avec des questions du style : « Pourquoi allez en cours ? », « Pourquoi êtes-vous devant moi maintenant ? » ou encore « Un diplôme, pourquoi faire ? » ou « Un diplôme, bravo, mais après ? ». Après un moment où ils peuvent un peu déstabilisés, les étudiants construisent assez rapidement leur réponse autour de l’intérêt d’un diplôme pour faciliter leur insertion professionnelle.

Par contre, les réactions peuvent être plus vives lorsque des questions du type « A quoi sert votre formation ? », « A quoi destine votre formation, concrètement ? » sont posées à des équipes enseignantes. Certains acteurs de formations professionnelles sont parfois plus à l’aise et répondent également la facilitation de l’insertion professionnelle.

Même si les débats sont vifs, les établissements d’enseignement supérieur se voient de plus en plus confiés la mission d’insertion professionnelle de leurs diplômés.

Les 3 grands acteurs de la formation en enseignement supérieur

En 2013, avec ma collaboratrice chargée de mission pour l’aide au pilotage des dispositifs d’orientation, de réorientation et d’accompagnement professionnel au sein d’une université française, nous avons essayé de modéliser les grands acteurs concernés par la formation, ainsi que leurs besoins et leurs attentes. Nous avions retenu le schéma suivant

Les 3 grands acteurs de la formation en enseignement supérieur

Nous identifions :

1. L’étudiant, au sens large :

  • Qui : candidat à la formation, il peut être lycéen, déjà étudiant, salarié, demandeur d’emploi, retraité
  • Pourquoi : il souhaite réaliser son projet personnel ou professionnel par la poursuite d’étude (formation initiale) ou en reprise (formation continue) ; il vise une qualification ou une certification (formation reconnue, un diplôme) afin de se spécialiser ou se reconvertir ou valider ses acquis professionnels (VAE). Il vient de lui-même ou via un prescripteur
  • Quoi : il vise des compétences par rapport à celles qu’il possèdent déjà

2. Le monde scientifique et socio-économique

  • Qui : entreprise publique ou privée, association, institut et laboratoire de recherche, université qui va accueillir voire intégrer l’étudiant ou le diplômé
  • Pourquoi : ces organisation sont en attente de réponse à une problématique ponctuelle par la réalisation d’une étude ou d’une prestation en utilisation les compétences d’étudiants en stage, en projet de fin d’étude ou en doctorat. Ces organisations sont besoin d’acquérir des compétences de plus pérenne en interne par l’embauche de diplômés ou par des contrats de travail particuliers favorisant l’alternance « période en école » et « période en entreprise » sur des postes, dans des métiers identifiés ou en devenir
  • Quoi : l’organisation attend des compétences nécessaires pour résoudre ses problématiques ponctuelles ou plus pérennes liées à ses activités économiques, scientifiques, humaines et sociétales.

3. L’Université

  • Qui : les établissements d’enseignement supérieur dans son ensemble soit les universités, les instituts supérieurs, les écoles d’ingénieur, les grandes écoles, les facultés, etc.
  • Pourquoi : l’Université cherche à répondre à la fois aux compétences visées par l’étudiant et attendues par le monde scientifique et socio-économiques, tout en garantissant l’intégration des derniers travaux de recherche et le développement de  l’autonomie et de l’esprit critique des étudiants. L’Université apporte ces compétences via des cursus pédagogiques adaptés (aux étudiants, au monde scientifique et socio-économique), via des  passerelles de formation, via des  possibilités de poursuite d’études dont en école doctorale (quelles sont les compétences nécessaires pour faire un doctorat ?) et via des débouchés professionnels identifiés
  • Quoi : l’Université « offre » des compétences à travers ses formations et garantie les acquis d ‘apprentissage à travers la délivrance de crédits universitaires, de certification et de diplômes.

La compétence comme outil de pilotage des formations ?

Ce schéma offre la lecture de la compétence comme élément de langage commun entre l’étudiant, l’université et le monde scientifique et socio-économique.

C’est la voie empruntée :

  • par les acteurs de l’approche par compétence pour favoriser l’adéquation formation/emploi  (création/révision de curricula ; élaboration d’enseignement par pédagogique active)
  • par les acteurs en charge de la qualité des formations
  • par les créateurs de la réforme dite LMD notamment par la mise en place et la validation des crédits universitaires permettant la reconnaissance de parcours de formation et la qualité des diplômes.

 

Plan stratégique et projet d’établissement – 2 – Parties prenantes

Parties prenantes : kézako ?

Que ça soit pour questionner la stratégie d’une organisation ou la qualité de son organisation et des services rendus, il est nécessaire d’identifier ses différentes parties prenantes. Mais qui signifie le terme « parties prenantes », en particulier dans un contexte d’enseignement supérieur et de formation professionnelle ?

Le Réseau des acteurs du développement durable Comité 21 http://www.comite21.org/ explique qu’il n’existe pas de consensus sur la définition d’une partie prenante. Une définition générique, tirée de la norme AA1000SES est la suivante :

« les parties prenantes (« Stakeholders ») sont les individus, les groupes d’individus ou les organisations qui ont un impact sur les activités, les produits et les services d’une organisation, et/ou qui peuvent être affectés par elles ».

Cette définition insiste sur l’influence réciproque de l’entreprise et des parties prenantes, contrairement à celle retenue par l’ISO 26000, plus sibylline et littérale : « individu ou groupe ayant un intérêt dans les décisions ou activités d’une organisation ».

Pour une entreprise, les parties prenantes regroupent donc l’ensemble de ceux qui participent à sa vie économique (salariés, clients, fournisseurs, actionnaires/financeurs), à son organisation (décideurs, syndicats, pouvoir public) et à son image (ONG, société civile, collectivité locale, média).

Les parties prenantes sont généralement classées en groupes catégories

  • Parties prenantes internes : Équipe de direction / Décideurs ; Salariés ; Syndicats ; Actionnaires (propriétaires)
  • Parties prenantes externes : Clients ; Fournisseurs / sous-traitants ; État / Collectivités / Mission économique (chambre de commerce et d’industrie) ; ONG / Associations / Communautés locales ; Banques / Intermédiaires de financement ; Compagnie d’assurance ; Investisseurs

Quelles sont les parties prenantes d’une Institution d’Enseignement Supérieur ?

S’il est facile d’identifier les salariés d’une IES, il peut être plus complexe de formaliser qui sont ses « clients » ou ses « fournisseurs » d’autant qu’une IES intervient sur le champ de la formation, de la recherche, du développement local voire du développement national.

Le tableau ci-dessous permet d’identifier les parties prenantes classiquement rencontrées d’une IES

Acteurs de la formation initiale et continue Ministère de tutelle ; Université de tutelle ; Salariés ; Syndicats de salariés ; Etudiants ; Représentants d’entreprises ; Acteurs économiques ; Organismes d’orientation académique et professionnel ; Entreprises clientes ; Stagiaires de formation continue ; Communautés d’apprenants ;
Acteurs de la recherche fondamentale et appliquée Ministère de tutelle ; Universités de tutelle ; Ecoles Doctorales ; Salariés ; Syndicats de salariés ; Opérateurs de recherche ; Opérateurs de recherche ; Ministère en charge de l’innovation, de l’emploi, les entreprises, du secteur de formation/recherche
Acteurs du développement Ministères en charge de l’entrepreneuriat, des TPE, PME, PMI, du secteur rural, de la formation professionnelle, de l’innovation, de l’emploi ; Organismes d’aide à l’emploi ; Syndicats d’entreprises ; Branches professionnelles ; Chambres de commerce et d’industries ; ONG spécialisées
Acteurs internationaux Commission Internationale ou Régionale du secteur ; Organisme international de contrôle /régulation
Acteurs du territoire Communes où sont installées les implantations de l’IES ; Population voisine des implantations ; Acteur public ou privé de bien locatif (œuvres universitaires, gestionnaire public ou privé de parc immobilier) ; Acteurs public ou privé de restauration ; Acteurs public ou privé de société de transport

Les clients/bénéficiaires d’une Institution d’Enseignement Supérieur

Le terme « client » est souvent associé à une valeur marchande et peut susciter un certain rejet dans le monde académique. Le terme « bénéficiaire », moins connoté, peut être utilisé plus aisément. Cependant, quel est le statut de l’étudiant ou du diplômé ? Est-il «client/bénéficiaire » ou bien «produit » ? Nous considérons qu’il est à la fois «bénéficiaire » des actions de formation et de recherche et à la fois «produit » sur le marché du monde scientifique et économique. Les «clients/bénéficiaires » pourraient donc être les suivants :

  • Étudiants : tout apprenant (bachelier, licencié, doctorant, fonctionnaire, salarié, demandeur d’emploi, particulier)
  • Clients des produits de formation : Employeurs public et privés (formation diplômante initiale et continue, dont stages) ; Entreprises du secteur de l’IES (TPE, PME, PMI, administration, ONG); Acteurs de l’emploi ; Tutelles ; Ministères concernés ; Collectivités et organisations locales (Commune, Communautés villageoises) ; Partenaires techniques et financiers ; Bailleurs de fonds
  • Clients des produits de recherche : Entreprises du secteur de l’IES (TPE, PME, PMI, administration, ONG, organisation locale, groupement d’intérêts); Laboratoires ; Acteurs de l’innovation ; Tutelles ; Ministères concernés ; Partenaires techniques et financiers ; Bailleurs de fonds
  • Clients de productions de l’IES (secteur agricole par exemple) : Producteurs/éleveurs ; Groupement d’intérêts du secteur ; Chambres de commerces ; Acteurs de l’emploi ; Ministères concernés ; Partenaires techniques et financiers ; Bailleurs de fonds

Plan stratégique et projet d’établissement – 1 – Introduction

Pourquoi un plan stratégique ou projet d’établissement ?

De plus en plus, les universités, instituts, grandes écoles, écoles d’ingénieur, organismes de formation professionnelles sont invités à présenter un plan stratégique ou un projet d’établissement. Sollicité par les tutelles, les collectivités ou les partenaires techniques et financiers, l’établissement doit montrer sa projection dans l’avenir et justifier de la cohérence de ses actions au regard de sa politique et de ses moyens.

Dans un contexte concurrentiel, d’autonomie croissante de gestion avec des contraintes sur les moyens financiers, humains et matériels, ces institutions de formation doivent prendre le temps de la réflexion sur elles-mêmes pour effectuer des choix assez nouveaux pour elles et à fort impacts.

Quelle méthode ? Quels outils ?

D’un côté, la littérature et les informations disponibles sur Internet regorgent d’outils de stratégie tous aussi pertinents les uns que les autres, plus ou moins décrits dans un contexte d’entreprises privées, sans pour autant que soit précisé dans quel ordre ils doivent être utilisés ni pourquoi.

D’un autre côté, les rares ateliers sur le sujet que j’avais pu observer, auxquels j’avais participé, voire même que j’avais animés auparavant, invitaient généralement à remplir une matrice SWOT ou à l’interpréter, sans forcément le nécessaire travail d’analyse préalable ni même parfois de consignes sur l’ordre et la manière de la remplir.

Né du constat d’absence de document expliquant les étapes et outils permettant l’élaboration d’un plan stratégique ou d’un projet d’établissement alors que j’étais sollicité pour accompagner des établissements d’enseignement supérieur dans une telle démarche, j’ai élaboré un petit ouvrage résumant les approches que j’ai pu mettre en oeuvre. Les étapes que je propose, assez classiques, sont les suivantes :

Mais une fois ces étapes posées dans le « bon ordre », se posent  d’autres questions ?

  • A quoi correspondent les concepts de valeurs, de domaines d’activités stratégiques ?
  • Qui sont les « clients », les « parties prenantes » ou les « fournisseurs » d’une université ? Quels sont les « produits » d’une école d’ingénieur ?
  • A quoi correspond la fonction « production », « recherche et développement », « marketing » ou encore « commerce » d’une institution d’enseignement supérieur ?

Ces questions peuvent apparaître étranges, voire déstabilisantes, dans un contexte universitaire et de formation professionnelle. Elles n’en restent pas moins nécessaires.

J’essaierai sur ce blog de donner des pistes pour y répondre, notamment avec des exemples contextualisés à notre domaine.

Aller plus loin ?

Sinon, plus de réponse à la lecture de ce mini-guide :

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